David Michaud, un photographe français au Japon

Bonjour tout le monde ! Pour ce dernier jour de la dizaine japonaise, voici la présentation de David Michaud, dont je vous ai déjà parlé ici.

Il a eu l’extrême gentillesse de se prêter au jeu des questions, voici notre échange !

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(photographe: David Michaud)

Ankya : Bonjour David, et bienvenue dans ma Caverne. Tout d’abord, je souhaite vous remercier d’avoir accepté mon invitation sachant que mon blog n’est pas basé exclusivement sur la littérature japonaise, le Japon ou encore la photographie.

David Michaud : Bonjour Ankya. C’est avec plaisir que j’ai accepté l’invitation, ça me rappelle mon enfance avec la visite de la grotte de Lascaux…

A : Abordons tout d’abord le sujet « littérature » : Quels sont vos auteurs japonais préférés ? Avez-vous un auteur qu’il faut AB-SO-LU-MENT découvrir ?

DM : J’aime bien Natsume Soseki  et Ayako Miura, mais depuis peu j’ai commencé à m’intéresser à Masuji Ibuse et son livre « Pluie Noire » que je trouve intéressant à mettre en parallèle avec ce que vivent actuellement les habitants de Fukushima.

A : Et pour les autres, toute origine confondue ?

DM : Oh il y en a plein ! J’aime les classiques : Victor Hugo car on retrouve finalement le monde d’aujourd’hui (ce qui devrait amener des questions sur notre société), les univers fantastiques de Jules Verne, la tendresse de Saint-Exupéry… finalement très peu d’auteurs modernes à part des scientifiques comme Hopkins ou Hubert Reeves dont j’aime lire les études et, plus proche du Japon Nicolas Bouvier…

A : Durant cette dizaine japonaise, nous mettons à l’honneur le Japon en général, pas seulement la littérature. Une question que tout français se pose, est-il possible (et facile) de s’intégrer au Japon en tant que français ?

DM : tout dépend du sens que l’on donne à intégration… Trouver sa place est facile, mais se fondre dans la masse impossible. On est étranger et ça se voit ! On aura beau maîtriser la langue et la culture on restera toujours « l’étranger ». Mais il suffit de faire sa place en tant que tel et tout se passe bien, le pays est très accueillant et l’administration ouverte, c’est dans la vie de tous les jours que les difficultés peuvent apparaître, mais on apprend vite à faire avec.

A : Parlons maintenant de votre travail : les photographies ! Faire de son métier la capture d’images, d’instants, d’un pays que l’on adore, c’est merveilleux. Pouvez-vous nous expliquer comment vous abordez une « mission » photo ?

DM : Bon, je dois d’abord assombrir le tableau. Le métier de photographe est en fin de vie, car on est inondé d’images aujourd’hui, tout semble gratuit et les clients ne veulent plus payer la vraie valeur des choses… Le photojournaliste doit du coup prendre de gros risques pour en vivre. Aujourd’hui on me propose d’acheter des photos de l’intérieur de la zone interdite de Fukushima, mais pas du Japon. Du coup je travaille maintenant sur un ensemble, pas seulement la photo mais un package complet pour un article clé-en-main. Faire de belles photos ne suffit plus, il faut une histoire derrière, c’est un exercice intéressant en soi.

A : Si j’ai bien compté, vous avez déjà sorti quatre livres photo, un calendrier perpétuel ainsi qu’un recueil d’us et coutumes. Est-ce que cela a été naturel pour vous de partager vos photographies ? Le choix est-il difficile ? Décidez-vous vous-même du thème à aborder pour un nouveau livre ?

DM : Cinq livres ! En fait quatre en tant qu’auteur (et photographe pour deux d’entre-eux) et un dont je ne signe que les photos accompagnées des textes de Catherine Lemaitre.
Je partage mes photos depuis 2005 sur mon site LeJapon.fr donc c’était une consécration pour moi de les voir distribuées dans le « vrai » monde et pas seulement sur le virtuel. Le choix est hautement difficile ! Quand on a une banque d’images de près de 200 000 photos du Japon, comment être sûr de faire le bon choix… Une torture de décider quelles photos ne seront pas dans l’ouvrage…
En général, l’éditeur a une idée et on en discute pour orienter le livre, mon style est de donner une consonante humaine et vraie à chaque ouvrage (même pour mon livre « Traditionnel Japon » qui est sur l’ère Meiji, j’écris comme si l’on vivait la scène actuellement), je pense que cela permet de se sentir plus proche du sujet et offre un univers au lecteur plus qu’une simple information. Pour mon dernier ouvrage « Japon Vu de l’Intérieur », j’ai été beaucoup plus libre que pour les autres car l’éditeur japonais ne savait pas comment aborder le public français, ce qui m’a permis de parfaitement équilibrer l’image (j’ai fait les photos spécialement pour ce livre) au texte, et mes seuls regret sont certains choix de photos (l’éditeur en a éliminées alors  que je souhaitais mettre plus de portraits que de détails de la maison) et une maquette trop austère au niveau des textes…

A : J’ai lu que vous aimez prendre des photos en lumière naturelle. Pratiquez-vous en plus la retouche photo ?

DM : Je n’aime pas « tricher », donc c’est toujours en lumière naturelle et sans retouche (je m’autorise seulement une balance des blancs et ajuster la saturation/contraste de temps en temps). Ca m’énerve souvent quand je vois certains s’extasier devant des photos complètement retouchées, j’aimerais que l’on ne dise pas « Oh, quel bon photographe ! » mais « Oh, quel bon graphiste ! » . Je m’amuse avec mon téléphone à faire des photos live et les poster sur Internet, là comme la qualité de base est assez médiocre je rajoute des filtres et d’un coup la photo sans intérêt devient « superbe » ! De quoi se démotiver à faire de la photo avec un « vrai » appareil…

A : Avez-vous un dernier mot pour les lecteurs de La Caverne d’Ankya, qu’ils soient fidèles ou de passage ?

DM : Après le 11 Mars 2011 le Japon a beaucoup souffert, touché directement ou indirectement par la catastrophe, fuit par beaucoup tel un malade contagieux… Aujourd’hui comme tout convalescent, il a besoin de sentir qu’on l’aime, qu’on pense à lui, que l’on est à ses côtés en lui rendant visite…

A : Enfin, une question qui n’a strictement rien à voir… quel est votre plat favori ?

DM : J’ai pendant longtemps été monomaniaque sur les Tako-Yaki (beignet en forme de boule avec un morceau de poulpe à l’intérieur) et j’ai fait le tour du Japon pour tester les différentes variantes !

A : Je vous remercie de votre patience et d’avoir répondu à mes questions. Bonne chance pour la suite !

DM : Merci et à très bientôt au Japon ! Je vous emmènerai pour une découverte photographique de Tokyo la mégapole lors d’un de mes Tokyo Safari (www.tokyosafari.com).

 

David Michaud, photographe professionnel, est parti au Japon et y est resté en 2007. Mais il en parle mieux que moi ici (clic) !

 

Quelques sites à visiter :
http://lejapon.fr/
http://www.lejapon.fr/blog/index.php
http://www.petitspois.net/index.php3
www.tokyosafari.com

Les livres de David (n’hésitez pas, les photographies sont juste magnifiques):

carre-japoncarre-japon-vu-interieurcarre-traditionnel-japoncarre-calendrier-365-images-Japoncarre-japon-365-us-et-coutumes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La dizaine japonaise, c’est fini pour cette année !

10-jours-japonais

(Suite à mes récents achats au Salon du Livre de Paris, c’est pas vraiment fini avec le Japon en ces pages 😀 😀 :D)

3 commentaires sur “David Michaud, un photographe français au Japon

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